La rencontre, en présence de l’inspecteur du primaire et de Romain d’Action Éducation , m’a permis de mieux cerner le contexte de ce petit village de 500 habitants, des réalités des enseignants, des attentes des parents.Le choix des lieux d’intervention d’Action Éducation sur la région s’effectue par l’inspection primaire en lien étroit avec l’association : Nagbati fut retenue car les parents se sont mobilisés en 2007 pour construire eux-mêmes une école et démarrer des cours avec des jeunes volontaires du village qu’ils ont rétribués. Le parrainage a débuté avec tous les enfants du premier niveau (CP 1) et se poursuit jusqu’à la fin du primaire. Seuls sont exclus les enfants de fonctionnaires «car ils risquent d’être mutés au cours des six années qu’il dure». Un plan d’action triennal est défini entre l’inspection, les parents et Action Éducation , il s’inscrit dans le cadre du plan sectoriel de l’Etat.
Aujourd’hui, 162 enfants sont scolarisés «à parité» : 82 filles et 80 garçons.to_1047_-_nagbati_a_a_cm_1_2_2_.jpg

L’intervention d’Action Éducation se situe essentiellement sur un soutien afin que l’école remplisse ses missions avec la participation de l’ensemble de la communauté éducative. A titre d’exemple :

  • La mise en place d’un comité de gestion de l’école primaire, avec enseignants, parents d’élèves, responsables locaux,
  • La constitution d’un «gouvernement des enfants» avec neuf ministères : santé, environnement, loisirs, relations aux parents «quand les enfants sont absents régulièrement, ce sont les enfants de ce ministère qui vont voir les parents, l’impact est plus important que lorsque j’interviens» (dixit le directeur), etc.
  • Dans un milieu où la violence du quotidien est une réalité, la lutte contre celle-ci par des formations et une réflexion que ce soit dans le cadre scolaire ou familial «nous avons arrêté les coups de bâton et nous avons compris que de crier sur les enfants n’est pas la solution habituelle». L’impact s’est également fait ressentir au niveau intrafamilial.

De l’avis de tous, résumé par l’inspecteur : «depuis le début de l’intervention d’Action Éducation , on constate une augmentation significative du nombre d’élèves, une meilleure implication des parents.»

Cette mobilisation des parents, la fréquentation soutenue des enfants ont servi de base à l’inspecteur pour créer un, puis deux postes d’enseignant (le troisième est toujours financé par les parents) et faire accepter par les instances nationales la construction d’une école «en dur» (dans le cadre d’un projet soutenu par l’Unicef et la Banque mondiale), car les saisons de pluie eurent raison de l’école faite de banco (terre) et d’un toit de chaume.to_1034_-_nagbati_a_a_ancienne_ecole_2_.jpg

Dans les prochaines semaines, aura lieu l’inauguration de ce bâtiment de trois classes qui remplacera… la scolarisation sous les arbres, telle qu’elle se pratique actuellement.to_1058_-_nagbati_a_a_classe_2_.jpgto_1038_-_nagbati_a_a_nouvelle_ecole_2_.jpg

Lors de la rencontre avec les parents d’élèves (l’un d’entre eux traduit en Anoufoh), lorsque vint l’heure des questions, j’ai été immédiatement interpellé : «le soir les enfants ne peuvent pas faire leurs devoirs et apprendre leurs leçons car il fait nuit et il n’y a pas d’électricité dans le village. Ne pourrait-on pas trouver une solution ?». Je leur évoque qu’ailleurs des solutions existent avec des panneaux solaires…to_1071_-_nagbati_a_a_parents_2_.jpg

Qu’il en faut du courage, de la motivation, de la persévérance pour ces parents «éloignés de tout» dont la quasi-totalité n’a jamais été scolarisée afin de bâtir, pas à pas, un projet pour leurs enfants, concevoir que le développement, une évolution positive de la quotidienneté, ne se réalisera pas sans compétences et qu’il faut les acquérir dès le plus jeune âge. Alors, je me dis qu’il serait souhaitable que nous leur donnions encore un «coup de pouce» en mettant en œuvre une solution quant à ces panneaux solaires, car l’expérience montre qu’elle permet une réussite scolaire nettement supérieure…to_1031_-_nagbati_a_a_village_1_.jpg